XX

Le juge Ti passe une nuit blanche au pays des Wo ; il vaticine en vain sur le danger de remporter certaines victoires.

 

 

La Garde pourpre quitta la maison des Ti, mais les serviteurs signalèrent qu’elle s’était distribuée dans la rue de manière à empêcher quiconque de sortir.

Nul n’alla se coucher. Le mandarin dut d’abord rassurer ses épouses, rendues folles d’inquiétude par ce tintamarre et surtout par les cavalcades sur les tuiles au-dessus de leurs têtes. Madame Première lui rappela que le mariage était prévu pour le lendemain. Il n’existait que deux possibilités. Soit les choses rentraient dans l’ordre, ils parvenaient à effacer toute trace de l’intrusion, et la belle-famille feindrait de ne rien savoir, soit ils étaient tous arrêtés à l’aube et le palanquin de noces ne trouverait qu’une demeure vide battue par le vent. Ti lui assura que la première éventualité serait la bonne, bien qu’il n’en sût rien en réalité.

Au milieu de la nuit arriva un décret de la Chancellerie. Les Wo étaient sommés de quitter la capitale dès le lever du jour pour regagner leur royaume de l’Est. Les ministres avaient opté pour la solution la plus simple, celle qui leur éviterait au mieux d’être engagés dans un conflit conjugal entre Leurs Majestés, conflit dont ils risquaient davantage que l’impératrice de faire les frais.

Une fois leurs bagages prêts, les Wo se changèrent et firent prévenir leur hôte qu’ils désiraient lui présenter leurs vœux de séparation.

Ti s’attendait à quelque discours émouvant, rempli de formules polies et emphatiques sur la difficulté de s’éloigner des personnes qu’on apprécie. Jamais il n’aurait cru pénétrer dans un univers différent, jailli au cœur de sa résidence.

Par certains aspects, la pièce décorée par les Wo pour leur cérémonie d’adieu était de style Tang, et pourtant elle s’en détachait radicalement. Dame Toochi avait disposé ici et là, sur les meubles bas, ses curieuses compositions florales rachitiques et tourmentées, dont un bonze n’aurait certes pas voulu pour orner son autel, mais qui prenaient ici une valeur décorative indéniable quoique déconcertante.

Les Wo avaient décidé de montrer à leur bienfaiteur tout ce qu’ils avaient appris ou, plutôt, retenu. Il dut s’asseoir sur les talons pendant que M. Petite-herbe-sans-équivalent lui préparait, avec une infinité de gestes chichiteux, une tasse de leur affreux thé vert poudreux amer. Quand le mandarin eut dégusté le breuvage et feint de l’apprécier, M. Calebasse se lança dans une petite leçon sur la langue des Wo.

— Nom pays à nous ni Wo ni Wa. Nous révéler à vous vrai nom : Nippon, « là où naître Soleil ».

Ils tenaient d’autant plus à ce rectificatif que le caractère chinois utilisé pour écrire « pays des Wo » signifiait « nain ».

— Oh, mais c’est très joli. Pourquoi ne pas l’avoir dit tout de suite ? Riben… Cela sonne bien.

— Parce que gens d’ici pas capables prononcer belle langue à nous, dit l’ambassadeur. Nippon.

Ti jugea que cette remarque était tout de même un comble de la part de gens qui n’avaient pas cessé d’écorcher sa belle langue à lui. Il promit néanmoins d’indiquer au Grand Secrétariat que leur pays portait le doux nom de « Riben »[12].

Les visiteurs se concertèrent, après quoi M. Petite-herbe – Ti était incapable de retenir le flot outrancier des syllabes qui composaient son patronyme exact – s’accroupit pour frapper un tambour dont le son conféra à ce moment davantage de solennité. M. Calebasse se posta face au magistrat, tel un héraut de la Cour. Il prononça un petit discours dans sa langue maternelle, que le lettré traduisit.

Il apparut que le Fils du Ciel de l’Est, Temmu, leur avait donné licence de choisir ce qu’ils pourraient rapporter de plus précieux.

— Qu’est-ce que ce sera ? demanda le juge Ti en considérant le curieux amoncellement de faux et de râteaux qui trônait sur leurs malles.

— Nous choisir emporter juge Ti, annonça fièrement l’ambassadeur.

Le mandarin se hâta d’avaler une gorgée de l’horrible thé âcre pour masquer sa surprise. M. Calebasse lui assura que leur souverain le comblerait de richesses et d’honneurs s’il acceptait de les accompagner à Asuka :

— Vous venir Nippon. Empereur faire vous puissant ministre.

Étant donné ce qu’il savait désormais de ce personnage, Ti préférait décliner. Il commençait à peine à saisir les méandres du pouvoir chinois et se voyait mal s’attaquer à ceux du lointain « Riben ». Il se leva pour s’incliner en signe de gratitude, répondit qu’il était très flatté, mais que son devoir était de continuer à servir son pays, même sans espoir de richesses ni d’honneurs excessifs.

Il passa le reste de la nuit à les regarder compléter leurs paquets. Ils emportaient une malle entière de pliages de papier et des échantillons de tout ce qu’ils avaient vu.

— En fin de compte, nous agissons pour le bien de la Chine, dit M. Courge. Quand votre culture aura disparu, la nôtre, qui est éternelle, portera témoignage de ce que vous aurez été.

Ti se dit qu’on verrait bien laquelle serait la plus éternelle des deux.

Le sort de dame Toochi le préoccupait.

— Ne risque-t-on pas de la reconnaître, à votre retour à Asuka ?

— Elle pas aller Asuka, chuchota M. Calebasse. Aller monastère, enseigner femmes. Personne connaître elle là-bas.

Ti leur concéda un certain talent pour l’organisation.

Juste avant l’aube, on réunit la maisonnée au grand complet dans la pièce principale, afin que chacun pût présenter ses souhaits de bon voyage aux illustres visiteurs. Le fils du juge Ti avait une requête particulière pour l’ambassadeur :

— Mon mariage a été décidé pendant que vous étiez sous notre toit. Je serai très honoré de donner à mon premier fils le nom personnel de Votre Excellence. Quel est-il ?

— Kakashi, répondit M. Calebasse, flatté.

On lui en demanda la traduction. Il chercha un instant l’expression adéquate.

— Vouloir dire… Objet pour effrayer oiseaux dans champ… Vous voir ?

Le jeune Ti voyait fort bien. La coutume chinoise permettait heureusement de changer de prénom à toutes les étapes de la vie, il n’y avait là rien d’irréparable.

Dès que les premiers rayons du soleil eurent fait pâlir le ciel, des coups furent frappés contre ce qu’il restait du portail. Tout le monde suivit avec angoisse le travail des serviteurs qui dégagèrent le passage. Les soldats paraissaient bien pressés de jeter dehors les invités d’État.

Les Ti eurent la surprise de voir un palanquin officiel pénétrer dans leur cour. Il en sortit un haut fonctionnaire en tenue d’apparat, un yingke shi ou « délégué impérial à l’accueil des hôtes étrangers ». Son Excellence venait leur présenter les vœux amicaux de Leurs Majestés. Qu’il en eût connaissance ou non, il ne fit aucune allusion aux différends qui les avaient opposés à la Chancellerie. Il était là pour assurer son rôle de diplomate tout en sourires et en affabilité.

Le yingke shi gravit les marches et pénétra dans la grande salle où les hôtes étaient prosternés devant le magistrat.

— Bien. Au moins, vous leur avez appris la politesse, nota le représentant impérial.

Il eut une surprise lorsque les Wo se relevèrent. Ils étaient vêtus de robes de femme aux couleurs chamarrées, dont la ceinture était nouée dans le dos au lieu d’orner le ventre. Il s’enquit du nom de cette mode étrange.

— Nous appeler cela « choses qu’on porte sur soi », expliqua M. Chou. Dans notre langue : kimono.

Le yingke shi avait apporté un petit cadeau, qu’un de ses adjoints leur remit à deux mains. La Cour avait fait copier à leur intention les dissertations confucéennes qui avaient obtenu les meilleures notes à l’examen de maîtrise. Les Wo se lancèrent dans un ballet de courbettes qui exigeaient un dos parfaitement souple.

Le haut fonctionnaire s’approcha de Ti pour lui murmurer :

— Ils font des bouquets, des pliages, ils dansent, ils s’habillent en femmes… Bon travail, Ti ! Nous sommes tranquilles pour mille ans !

Conformément à l’usage, Sa Majesté leur décernait des titres honorifiques. L’ambassadeur Calebasse était nommé « Seigneur particulièrement élevé », les autres se partageaient les fonctions fictives de vice-directeur de la cour des Amusements impériaux, d’adjoint du grand maître des Amusements impériaux, avec ceinture d’argent et ruban bleu, de général des Étendards nuageux des grands Tang, de chambellan intérimaire des Cérémonies et de général de la Garde impériale.

Une fois qu’ils se furent prosternés en direction du palais, on annonça qu’un petit buffet avait été préparé dans les cuisines.

— Quelle bonne idée ! dit le yingke shi. C’est une attention de vos chères épouses ?

Son hôte désigna le cuisinier des Wo.

— Oh, fit le délégué à l’accueil des étrangers.

Ti ne put lui cacher que l’expansion de la culture chinoise avait au moins connu un échec. Si l’on forçait les Wo à se nourrir d’insectes frits, ils risquaient de rejeter le reste en bloc. Ils ne pouvaient concevoir d’abandonner leurs cubes de poisson cru, leur riz aggloméré de petites graines, le tout servi froid, trempé dans une sauce gluante amère ou pimentée, avec des algues molles en guise d’accompagnement. Il fallait bien que quelque chose continue de symboliser le fossé infranchissable qui séparerait toujours les deux nations. Ce serait la nourriture.

On avait disposé la collation dans le service qu’ils utilisaient pour leur étrange cérémonie du thé. Ils avaient choisi ce que le marché de l’ouest proposait de plus grossier, de couleur terne et de forme bosselée.

— Quand je pense que leur peuple risque de penser que c’est cela, de la belle vaisselle ! se lamenta le yingke shi.

Il y eut un flottement parmi la Garde pourpre quand le bruit courut qu’on avait tenté d’empoisonner Son Excellence avec du poisson pas cuit, des larves visqueuses et des sauces relevées comme de l’acide.

— C’est là qu’on voit combien ils sont éloignés de nous, conclut le haut fonctionnaire en mâchonnant un cube de nature indéfinie, dont le goût et la texture évoquaient le parchemin moisi. Enfin ! Faisons un effort ! Deux peuples qui ne peuvent pas dîner ensemble ne se comprendront jamais.

Après avoir reniflé le plat suivant, il se demanda s’il n’était pas préférable de préparer la guerre.

Il voulut savoir des Wo ce qu’ils avaient appris de plus intéressant au cours de leur séjour ; une inquiétude venait de naître dans son esprit au sujet de leur capacité à comprendre les finesses de sa belle culture millénaire. Le ravissement se peignit sur leurs traits comme M. Courge se chargeait de répondre :

— Nous avons appris une merveille plus merveilleuse que tout ce qui est imaginable sous le ciel !

Le représentant impérial se demanda de quoi il pouvait bien s’agir. Des prouesses architecturales qui permettaient de recourber le bord des toits ? De la maîtrise de la laque ? De la médecine ?

Les visiteurs battirent des mains avec exaltation.

— Les taxes ! Administration finances ! Brillant ! Brillant ! répéta M. Calebasse.

Leur premier soin, dès leur retour à Asuka, serait la fondation d’un ministère dédié à la collecte des impôts, dont une panoplie variée ne manquerait pas d’être créée pour le plus grand bonheur de leurs administrés.

Les mandarins regardèrent passer la file des porteurs chargés des objets que les Wo emportaient « là où naît le Soleil ». Les dames Ti leur avaient fait cadeau d’un de leurs arbres en pot, ainsi que d’un plateau de wei-ki, qu’ils s’obstinaient à nommer go. C’était un jeu subtil pratiqué par l’élite.

— Encore un art auquel ils ne comprendront jamais rien, déclara le yingke shi.

Ti saisit cette occasion pour dire ce qu’il avait sur le cœur depuis le début de la cérémonie :

— Dans un sens, c’est plutôt rassurant, seigneur. Imaginez qu’ils finissent par se montrer plus esthètes que nous…

Le yingke shi éclata de rire.

— Plus que nous ? Comme vous êtes amusant !

Suivait un grand pipa tang à cinq cordes qu’ils appelaient biwa. Ti fut certain qu’il se cachait encore quelques livres interdits parmi les poèmes mis en musique dont ils avaient rempli un coffre entier, mais il était trop tard pour élever une objection sans provoquer un incident bilatéral.

— Ils s’encombrent d’une basse-cour en papier ! murmura le délégué à la vue des pliages. Quel avenir un tel passe-temps peut-il avoir, je vous le demande !

Lorsque les derniers échantillons de poteries, de verreries, de laques, en plus des huit statues bouddhiques fort encombrantes, eurent été calés dans les chariots, Ti prononça la formule courante entre amis qui se disent adieu :

— Vous raccompagnerais-je sur mille li, il faudra bien nous séparer.

Les Wo se plièrent en deux dans un bel ensemble, les bras le long du buste.

Tandis qu’ils prenaient place dans les véhicules, Ti renouvela ses inquiétudes à son supérieur.

— Je crains qu’ils n’aient pas pour notre culture tout l’amour qu’ils professent. Ils l’aiment comme la plante aime son terreau. Ils n’y voient qu’une base pour le développement d’autre chose. J’aimerais bien savoir ce que cela sera.

— Ne vous tracassez pas. S’ils veulent devenir meilleurs que nous, ils ont un long chemin à parcourir.

« Mais qu’arrivera-t-il quand ils l’auront parcouru ? » songea Ti.

Le yingke shi échangea de loin avec eux des signes d’amitié. Assis sur leurs chariots, les Wo étaient aimables et souriants.

— Des protégés de notre impératrice ne sauraient représenter une menace pour notre empire, dit le haut fonctionnaire.

Ti comprit qu’il venait d’entendre la conclusion officielle et définitive de l’ambassade.

— En tout cas, ils s’en vont à temps, reprit le délégué.

Au moment où celui-ci montait en palanquin, le juge Ti ne put retenir ses doutes plus longtemps. C’était sa dernière chance.

— Ce n’est pas par amour de notre culture qu’ils l’ont étudiée, seigneur. C’est pour être sûrs de remporter la victoire la prochaine fois que nos armées s’affronteront, en Corée ou ailleurs !

— Nous n’allons pas nous laisser intimider par des gens qui vivent sur une île gouvernée par un monstre à queue de dragon luisante, tout de même ! répondit le yingke shi.

Il tira le rideau de sa litière et ses esclaves l’emportèrent loin de cette maison où l’on osait s’inquiéter en dépit de la sérénité des gouvernants.

Ti était désormais seul dans sa cour désertée par les émissaires des deux bords. Madame Première vint lui rappeler qu’il devait se préparer pour la réception de la mariée. Ils n’avaient pas dormi, le juge avait l’impression que le sort de l’empire pesait sur ses épaules, et dame Lin sentait celui de leur clan peser sur les siennes d’un poids plus grand encore.

— Voyez-vous, il y a dans tout cela quelque chose qui me gêne, dit son mari, tandis que ses épouses lui faisaient endosser son habit des fêtes privées. Ces Wo ont brillamment absorbé notre culture, qui leur était étrangère. Mais nous, nous n’avons rien compris à la leur. Nous avons été incapables de nous y intéresser, nous l’avons traitée par le mépris. Je pressens là une source de problèmes pour l’avenir.

— Pourquoi nous intéresser à la leur ? s’étonna madame Deuxième. La nôtre est parfaite ! Nous détenons toutes les vérités sous le ciel !

— Et si nous nous trompions ? Et s’il existait une vérité propre à chaque peuple et à chaque époque ?

Madame Troisième, la plus lettrée, éclata de rire.

— Mon cher époux ! Puissiez-vous vous réincarner à travers les siècles pour continuer de distraire les gens ! Comment ces Wo deviendraient-ils un danger, alors qu’ils sont convaincus de notre supériorité ? Les dieux nous ont placés au milieu du monde pour tout dominer, c’est là un fait confirmé par deux mille ans de traités savants !

Ti avait le sentiment de n’avoir jamais enquêté que sur l’esprit humain. De cette longue étude il n’avait retenu qu’une seule idée : la vie est un jeu, et celui qui s’appuie sur ses certitudes perd la partie.

Une question piquait la curiosité de sa Première :

— Cette dame Chou n’était pas tout à fait inaccessible aux bons usages. Je me demande quel était son emploi, dans son pays.

— Impératrice, répondit Ti.

Les jambes de dame Lin se dérobèrent sous elle, elle se laissa tomber sur le coffre à vêtements.

On annonça l’arrivée du palanquin de mariage tendu de tissu rouge. Ils perçurent les trompettes et tambours du cortège nuptial, qui s’était arrêté devant le porche pour attendre le bon vouloir du maître de maison.

— Les difficultés commencent, dit le juge Ti avant de se diriger vers la cour principale.

 

Diplomatie en Kimono
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